Statues et Ornements
Les statues
Après avoir décrit les images des Saints peintes sur les vitraux, continuons notre description de l’église en parlant des statues qui l’ornent et la complètent.
Nous avons déjà dit un mot de la belle statue de Notre Dame des Flots que les marins ont, par souscription, offerte à l’église et qui, placée sur la façade, regarde la mer et la bénit.
À l’intérieur, au-dessus du maître autel, à la place réservée au titulaire de l’église, se trouve une grande statue de St Joseph, offerte par Mme Gand. Il est représenté ayant à ses côtés l’Enfant Jésus. Bien que de grande dimension, pour qu’elle paraisse davantage, il a été nécessaire de la surélever par un socle de pierre sculptée. Elle est placée dans une niche pratiquée dans le mur et tout ornée de boiseries.
La statue de la Ste Vierge, offerte par Mme Blanchot, est tout à fait remarquable. Cette Vierge Mère respire à la fois la dignité, l’innocence et la bonté. On aime à venir prier la Sainte Vierge en face de cette image qui la représente si bien. Plusieurs ex-voto sont placés auprès d’elle, et l’on peut remarquer particulièrement celui d’argent, dans lequel sont renfermés les noms des enfants de la Communion solennelle de l’année.
Dans cette même chapelle de la Vierge, nous voyons aussi St Jean l’évangéliste et St Bernard l’abbé de Clairvaux. À quelque distance le Bienheureux Chanel - don du Tiers Ordre de Marie - offre à Marie sa Mère la palme de son martyre et un peu plus loin se trouve la statue de St Antoine de Padoue, avec l’Enfant Jésus qui lui donne l’intelligence du livre des Saintes Écritures.
Cette statue donnée par Melle Ballande, est placée au-dessus d’un tronc « pour le pain des pauvres ». Souvent, l’aumône qui est déposée dans ce tronc est un acte de reconnaissance au grand saint, qu’on invoque pour retrouver les choses perdues.
À la suite de la canonisation de Ste Thérèse de l’Enfant Jésus, la statue de la sainte carmélite a été placée dans la chapelle de la Sainte Vierge. La sainte accueille et écoute les demandes de grâces temporelles ou spirituelles que l’on vient lui adresser. Cette statue sera déplacée dans la chapelle du Sacré Cœur.
Dans cette chapelle, la statue du Sacré Cœur attire le regard et émeut profondément l’âme. Le Christ, au cœur visible, tend les bras en avant ; c’est la plus parfaite réalisation de nos saints Livres : « Mon Fils, donne-moi ton cœur ». Le geste, l’expression du visage, tout fait de cette statue un véritable objet d’art.
Elle provient de l’Internat de Néméara. Quand celui-ci fut laïcisé en 1904, le R.P. Fenoyl fit l’acquisition de cette statue qui en a remplacé une autre (qui a été donnée à Maré) qui avait été donnée par Melle de la Salmonière.
Trois autres statues ornent cette chapelle : celle de St François d’Assise, offerte par le Tiers Ordre franciscain, celle de St Roch et celle de Ste Anne, qui autrefois était placée où se trouve actuellement l’escalier de la chaire. Elle est un don de Mgr Fraysse. La statue de St Roch a une histoire. M. Louis Ballande (mort à la guerre de 14-18) avait fait, en 1912, un voyage dans le Pacifique, au moment où régnait une épidémie de peste. Rentrant sain et sauf en France, il promit en reconnaissance de donner à la cathédrale une statue de St Roch. Le R.P. de Fenoyl de son côté avait aussi commandé une statue. Par le même courrier, elles arrivèrent toutes les deux. Aussitôt, le R.P. Mulsant, aumônier des lépreux, en réclama une pour la chapelle de la future léproserie. Voilà pourquoi on voit actuellement dans la chapelle de Ducos, une statue de St Roch aussi belle, aussi grande que celle de notre église.
Enfin un tableau de Notre Dame du Perpétuel Secours se trouve près de la chaire et au-dessus de la porte d’entrée on voit un haut-relief représentant le Bon Pasteur, c’est le cadeau des enfants de la Première Communion de 1893.
Le chœur
Après avoir parlé de l’ornementation sanctorale de l’église, c’est-à-dire des saints peints sur les vitraux ou figurés dans les statues, il nous faut décrire le Chœur et surtout, ce qui est la partie principale de toute église : l’autel, sur lequel est offert chaque jour le saint Sacrifice.
L’autel
Pierre blanche extraite de l'île Sainte Marie forme le fond ; bien polie, cette pierre a quelque ressemblance avec le marbre : elle a servi à faire les cinq panneaux de devant.
L’autel est majestueux et bien proportionné. Il s’élève au-dessus de trois larges gradins de pierre. La table de l’autel est à 1 m du sol, elle a une longueur de 3,14 m, une largeur de près de 1 m et une épaisseur de 12 cm. Le gradin - retable de pierre a 50 cm de haut et le tabernacle monolithe 1,50 m de haut sur 0,75 m de large. Comme on le voit, les proportions sont bien respectées.
Autrefois au-dessus de l’autel s’élevait un baldaquin de bois sculpté, appelé Ciborium. Ce bel ouvrage écrasait trop l’autel et cachait presque complètement la statue de St Joseph. Il fut enlevé en 1896, et pour le remplacer l’on plaçait aux jours de grandes fêtes, un baldaquin à pentes rouges ou bleues et blanches au-dessus de l’autel.
Deux sortes de pierre ont servi à faire l’autel. Une pierre blanche extraite de l’île Sainte Marie forme le fond ; bien polie, cette pierre a quelque ressemblance avec le marbre : elle a servi à faire les cinq panneaux de devant ; le panneau au milieu porte le chiffre de Notre Seigneur Jésus Christ. Il est en outre orné comme les quatre autres de trèfles reliés entre eux par des lignes formant un carré. Ce chiffre, ces trèfles et ces lignes ont reçu une dorure qui produit bon effet. Six demi-colonnes, soutenant la retombée de l’ogive, sont placées entre chaque panneau aux deux extrémités. Ces colonnes, venues de la carrière du Mont Coffin sont en pierre jaune veiné de blanc : une main patiente et délicate a su sculpter le chapiteau malgré la dureté de la pierre.
La pierre d’autel, nécessaire pour la consécration, porte aux quatre coins les croix creusées et au milieu le sépulcre des saintes reliques. Elle vient de la carrière du Mont Bérard.
Le gradin - retable, sur lequel reposent les chandeliers et les fleurs, vient également du Mont Bérard. Il est très élégamment décoré sur sa face antérieure de feuilles d’acanthe sculptées en couronnes.
Quant au tabernacle monolithe, il est constitué par une sorte de portique avec tympan et colonnettes de style ogival. Jusqu’en 1906, au-dessus du tabernacle se trouvait une élégante niche en bois, avec une flèche élancée, complétant l’autel. Mais en liturgie, une niche ne peut être placée à demeure au-dessus du tabernacle ; la croix seule domine l’autel et doit être très visible à tout le peuple des fidèles. C’est pourquoi le Père de Fenoyl a fait enlever cette niche et a placé sur le tabernacle le beau Christ que l’on y voit, lequel a été donné par le Tiers Ordre franciscain.
De chaque côté de l’autel, élevés sur les dés de pierre qui servaient jadis de socle aux colonnes du baldaquin, sont deux anges adorateurs. Ces anges agenouillés étaient une leçon : de l’avis de tous, les fidèles de Nouméa se tenaient fort bien dans l’église et ils étaient rares, ceux qui avaient une tenue peu digne du saint temple de Dieu.
Les boiseries
Jusqu’en 1896, les cinq panneaux du fond de l’église étaient seuls ornés de boiseries de simple sapin teint au palétuvier. Les deux travées en avant du chœur étaient nues et pour les orner les jours de fête on tendait à hauteur des chapiteaux une grande draperie rouge, agrémentée au haut d’une large guipure blanche.
Plus d’une année de travail donna le résultat que l’on voit : de superbes boiseries, des stalles pour le clergé, la stalle de l’évêque, le trône épiscopal. Ce sont des ouvrages de premier ordre qui pourraient avoir leur place dans les plus belles églises.
La table de communion
La table de communion où se distribuait aux fidèles le Pain des forts n’était point une simple balustrade, mais un beau travail exécuté en bel acacia du pays. Par ses ornementations la table de Communion était plutôt du genre rayonnant que du style gothique pur qui se rencontre partout ailleurs dans l’église. Trois belles portes roulant sur des galets, permettaient de l’ouvrir ou la fermer selon les nécessités.
La chaire
La chaire d’où le prêtre faisait entendre la Parole de Vérité, nous permet d’admirer un autre travail fort bien exécuté. Un bel escalier y conduit : pour en dessiner la courbe et l’exécuter il a fallu des ouvriers habiles et intelligents. Pour faire ressortir leurs mérites il faudrait une plume versée à employer les termes techniques. Notons : la main courante, le boulin d’en bas, le pendentif bien découpé et sculpté, le couronnement en pyramide avec tous leurs ornements plaisent à l’œil, les panneaux portant les différents chiffres de Notre Seigneur Jésus Christ, l’agneau sur le livre aux sept sceaux, le chiffre de la Sainte Vierge, celui de Saint Joseph, les clefs de Saint Pierre, la grappe de raisin et l’épi de blé encadrant les chiffres.
Toute la charpente de la chaire est en acacia ; les panneaux sculptés sont en Kohu. La base du couronnement porte cette inscription - en latin -: « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu ».
Les autels latéraux
Les autels latéraux de notre cathédrale sont ceux de l’ancienne église. L’autel majeur de cette ancienne église a été placé dans la chapelle de l’Enfant Jésus, dite Chapelle des Catéchismes. Les autels latéraux ont été placés au-devant des boiseries, dont les panneaux ont été ornés de belles tiges de fleurs peintes, dominés par les deux belles statues de la Sainte Vierge ou du Sacré Cœur. Chacun d’eux était entouré d’une balustrade de fer forgé qui l’isolait complètement et faisait comme un chœur nouveau et indépendant.
© Textes : Père Henri Boileau (1874-1966)
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